Photos : Alice Duffelcocotte et Paula Rhoïde.

mardi 1 novembre 2011

Infaillible et plus léger que le précédent billet, à moins que ce ne soit plus lourd...

lorsque mon petit homme affiche un air tristoune, je le regarde avec mon petit air mutin et je lui dis "doux et dumeté à souhait", c'est IN-FAIL-LI-BLE à chaque fois, il sourit. D'ailleurs lorsque nous voyons des oies dans un pré, on se regarde de coin et on sourit de concert en s'exclamant : "Oh, un troupeau de torcheculs !" Comme c'est beau la complicité :-D

Notez (ou non) que dans le bouquin que j'ai étudié à la fac (comme nous avions de saines lectures !) le mot était "dumeté"... Dans la fin de l'extrait glané sur le net (comment Grandgousier congneut l'esperit merveilleux de Gargantua à l'invention d'un torchecul) le mot est "duveté" qui est (et de loin) beaucoup moins efficace pour faire sourire mon petit homme. Je dois dire que "torcheculatif" est assez jubilatoire (enfin je trouve) et que le style Rabelaisien est tout de même jouissif à lire (enfin je trouve). Fut un temps, l'extrait qui va suivre était épinglé sur les murs de nos toilettes avec diverses autres phrases comme : "tu ne seras jamais plus malin qu'une mouche, tu ne chieras jamais au plafond" inscrit sur une ardoise, les gens allaient aux toilettes (que je nommais le cabinet de philosophie (j'étais somme toute plus impertinente alors...)) rien que pour lire les mots de la semaine, .

"- O (dist Grandgousier) que tu as bon sens, petit guarsonnet ! Ces premiers jours je te feray passer docteur en gaie science, par Dieu ! car tu as de raison plus que d'aage. Or poursuiz ce propos torcheculatif, je t'en prie. Et, par ma barbe ! pour un bussart tu auras soixante pippes, j'entends de ce bon vin Breton, lequel poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce bon pays de Verron.

- Je me torchay après (dist Gargantua) d'un couvre chief, d'un aureiller, d'ugne pantophle, d'ugne gibbessiere, d'un panier - mais ô le mal plaisant torchecul ! - puis d'un chappeau. Et notez que des chappeaulx, les uns sont ras, les aultres à poil, les aultres veloutez, les aultres taffetassez, les aultres satinizez. Le meilleur de tous est celluy de poil, car il faict très bonne abstersion de la matiere fecale.

"Puis me torchay d'une poulle, d'un coq, d'un poulet, de la peau d'un veau, d'un lievre, d'un pigeon, d'un cormoran, d'un sac d'advocat, d'une barbute, d'une coyphe, d'un leurre.

"Mais, concluent, je dys et mantiens qu'il n'y a tel torchecul que d'un oyzon bien duveté, pourveu qu'on luy tienne la teste entre les jambes. Et m'en croyez sus mon honneur. Car vous sentez au trou du cul une volupté mirificque par la doulceur d'icelluy dumet que par la chaleur temperée de l'oizon laquelle facilement est communicquée au boyau culier et aultres intestines, jusques à venir à la region du cueur et du cerveau. Et ne pensez que la beatitude des heroes et semi dieux, qui sont par les Champs Elysiens, soit en leur asphodele, ou ambrosie, ou nectar, comme disent ces vieilles ycy. Elle est (scelon mon opinion) en ce qu'ilz se torchent le cul d'un oyzon, et telle est l'opinion de Maistre Jehan d'Escosse. "

9 commentaires:

  1. Ah ah ! Le Grandgousier ! J'y ai mangé, avec Iowaboy, c'est à Domfront. Un régale !

    http://resto0.over-blog.com/article-31258026.html

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  2. Et maintenant, moi et Rabelais...

    Je l'ai découvert à l'âge de 17 ans en entamant mes études universitaires. Imagine un peu ma JOYE d'y voir mon prénom, écrit correctement ! Cela m'a coupé le souffle !

    Et puis oui, quel coquin ! Le choc pour moi de découvrir les grivoseries des "anciens" ! Je devrais relire, je sais que j'ai beaucoup oublié.

    Jamais je n'oublierai la scène de la dame hautaine, ses jupons arrosés du parfum des chiennes - tous les chiens de la ville venaient à sa rencontre après la messe !

    Et puis - qu'est-ce qu'on a souri pendant que je traduisais la description de la mère de Pantagruel. Nous avons nommé notre chatte Badebec (c'était l'idée de mon homme, yes), et elle a vécu avec nous pendant 18 ans.

    Ah, que de souvenirs !

    Merci à l'Équipe Brossel pour ce merveilleux rappel !

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  3. Oh de rien ! Eh puis ma chère Joye (écrit en toute lettre dans Rabelais ;-D), je suis ravie d'avoir réveillé tant de merveilleux souvenirs ! J'ai ressorti le truculent Rabelais du coup... Je dois dire que ce que j'avais aimé surtout c'est l'humanisme de l'oeuvre, la satire du catholicisme, la connaissance contre l'obscurantisme... La substantifique moelle ! Fichtre comme dans mon souvenir cette oeuvre est riche ! Oui que de souvenirs !

    Excellent le nom du chat !

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  4. C'est indéniable ça fait sourire ;-)

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  5. Les j'oies de la campagnes quoi !

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  6. EUH, campagne sans "ESSE" ça fait trop accrocheur !!!!

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  7. Oh oui, MAP "les j'oies de la campagne" extra et pis avec un "esse", ça rime avec fesses alors ma foi on reste dans le propos ! :-D

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  8. J'adore ! Les propos torcheculatifs, j'essaierai de les replacer ! :D

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  9. Me suis doutée que tu apprécierais ;-) Ma foi, je sais pas, torcheculatifs me parait, à notre époque assez facile, à replacer non ? Comment je suis ;-)

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