Photos : Alice Duffelcocotte et Paula Rhoïde.

lundi 31 octobre 2011

La réponse à Berthoise comme billet du jour

Berthoise me disait en réponse à mon billet d'hier : "Tu es très jolie. Et je ne doute pas de votre succès à Fred et toi."

Je répondais ceci et, au fur à mesure de ma réponse, je me disais que ça ferait un billet, le billet du jour :

Oh merci ma chère Berthoise, tu sais, je ne suis pas bien sûre que ce soit le succès qu'on vise... 
Fred avait besoin de se sentir utile (c'est humain) et bosser pour moi, va savoir pourquoi, ça le valorise, il se sent bien dans ses baskets après et j'aime bien le voir à l'aise, ça lui va drôlement bien au teint et il avait besoin d'aller mieux. J'ai rebondi sur l'envie de Joye d'entendre ma voix (je pouvais pas faire ça toute seule, il me fallait l'aide de Fred, comme ça tombait bien !).
Je ne savais pas que ça me ferait autant plaisir au départ...
Cette première histoire est pour moi une forme d'acceptation : je crée, j'ai ça en moi, c'est comme ça...
Ça remonte à aussi loin que remonte ma mémoire, à l'âge de cinq ans (je n'ai pas de souvenirs avant), j'inventais déjà un autre monde. Lorsque j'ai commencé à extérioriser vraiment mon monde intérieur il y aura bientôt six ans, ça m'a beaucoup perturbée. Il m'a semblé souvent que je n'avais pas le choix (comme si une main invisible me tordait l'esprit pour me contraindre à créer) et que c'était en totale contradiction avec moi (même si je n'étais pas à un paradoxe près). Avant de me mettre à créer pour montrer, ça ne se voyait pas de prime abord, mais j'étais farouche, timide, effrayée, si tu savais ! Je dois dire qu'aujourd'hui, j'ai changé.

Lorsque l'envie m'a prise de mettre ce que j'avais au fond des tripes à la lumière, je ne cherchais alors ni la gloire, ni la fortune, plutôt un genre de paix intérieure. L'une des dernières histoires que j'ai écrite a été publiée en revue, je n'en ai qu'à peine causé. Parce qu'au fond, je n'assumais pas, non l'histoire que j'aime, mais cette idée de chercher la gloire ou la fortune ou que sais-je encore, de ces choses qui sont de l'apanage de l'artiste (ne me demande pas ce qu'est un artiste, je l'ignore et je m'en fiche)... J'ai juste en moi cette puissance créative qui, je dois bien le dire, m'a longtemps dépassée, voire même encombrée et puis petit à petit j'ai apprivoisé et accepté ce que je ne pouvais changer ou éliminer (parce que oui, je lui aurais bien tordu le cou, si tu savais !)
Aujourd'hui, je dois dire que créer et partager le fruit de ma création, c'est d'abord et enfin accepter qui je suis.
Pour le reste, l'avenir donc, j'ai appris que tout ce qu'on construit, même solidement, peut s'effondrer comme un château de cartes. Il ne reste alors "que" les gens qui vous aiment vraiment et les rires, les joies, la chaleur humaine sincère. Dans les pires moments, l'esprit réveille ces jolis morceaux de vie pour éclairer d'espoir un avenir qui parait bouché, noir, incertain, inaccessible... et pourtant, aujourd'hui, je suis debout, joyeuse, et je me suis recollée debout sans utiliser l'énergie du rebond... Au  fond du trou, je me suis assise et c'est par la force de l'esprit (et du cœur aussi) , éclairée par les jolis moments du passé que j'ai décidé d'aller de l'avant, de remonter après m'être laissée tout à fait sombrer en laissant au fond du trou des faux semblants, des faux liens, des faux sentiments (c'est dans l'adversité... tu sais)
Je suis remontée pour partager encore de jolis moments... Et il m'est apparu que cette chose étrange, être "artiste", des gens l'appréciaient chez moi. Moi... je dois dire que la gloire, la fortune, l'envie de plaire, de séduire un public, tout ça m'encombrait (je crois même que ça m'encombre encore), je voudrais qu'on aime ce que je fais tout "simplement", qu'on s'installe pour l'apprécier ou qu'on le déteste et qu'on passe son chemin en silence (c'est si facile de critiquer).
Tu sais, dans ma vie, j'ai manqué de réconfort et parfois d'espoir, mes histoires réconfortent souvent et donnent un brin d'espoir, parfois. Or je veux bien le croire : l'espoir fait vivre et même survivre.
La survie : cet état entre deux eaux, une sombre et mouvementée peuplée de murènes (attirante pourtant) et une limpide et calme aux poissons arc-en-ciel (semblant inaccessible parce qu'un tantinet effrayante). Donner l'envie, le courage d'aller nager dans une eau tranquille et joyeuse, tu vois, c'est ça que je cherche, Berthoise (je suis prétentieuse, hein ?). Alors, oui, si c'est ce qui se cache derrière le succès ou si le succès rendrait ça possible alors oui, c'est le succès que je vise...

10 commentaires:

  1. Un succès peut être intime. C'est le résultat heureux d'une quête personnelle.
    Et je ne doute pas de votre succès à Fred et toi. :)

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  2. Quand je vois murène, je pense caldeirada !
    Ouais, je sais, je ne pense qu'à ça...

    Passons.
    Continue de nous faire rêver, Sandrine.

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  3. Alors Berthoise, je crois que le succès me tombe dessus et que je m'en aperçois grâce à toi !!! MERCI !!

    Oh ben Walrus ma grand mère disait que manger était une bonne maladie, et puis c'est une des rares maladies qui soient conviviales !
    Je dirai donc plus volontiers : "passons à table !" :-D

    Et oui, deux fois et même trois : je compte bien continuer à faire rêver qui voudra !

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  4. Hooo comme ce billet est beau bon et réconfortant... Je ressens un élan d'amour universel en te lisant, je voulais que tu le saches.. :) Merci Sandrine. :)

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  5. Je crois que j'ai tout bien compris ! Le SUC ... c'est la simplicité, le partage, le bien naître intérieur. Ta puissance créative t'apparente aux arbres que tu aimes tant ! Solidité, sang-sève -immense force de vie- tête dans les nuages, branches accueillantes pour la vie qui bourdonne, qui voltige, qui s'accroche ...
    Et vive l'Espoir en brins ou en fagots et tous les sourires et réconforts qu'il fait naître !
    ♥ ♥ ♥

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  6. Alors, Julia, universel peut-être pas... Vois tu, je verrai plutôt le monde comme un potager : si on cultive les poireaux à côtés des oignons les uns poussent aux détriments des autres, par contre colle un fraisier avec une bourrache et ils seront l'un pour l'autre des merveilles de bienveillance... J'aime, oui mais pas l'humanité dans son entier, je ne suis n Jésus, ni le Dalai LAma ni un petre de cet acabit là, moi je suis juste moi à faire ce que je peux et si je suis bien entourée, je donne le meilleur, si je suis mal entourée, je végète mais je vais me replanter ailleurs parce que je suis pas qu'un légume statique, je suis aussi capable d'aller me coller dans un endroit ou je ferai une bonne soupe :-)

    Oh MAP, touchée, à un point tu ne peux l'imaginer ! Du coup, ben, je vais pas savoir quoi dire et dans la vie, il me semble que le silence, de celui qui fait qu'on peut ce taire à côté (ou pas loin, le net n'éloigne pas tant que ça les gens qui s'affectionnent) de quelqu'un sans ressentir la moindre gêne, au contraire, même ! Un sourire plein d'espoir (tu le vois ? Oui, je suis sûre que tu le vois !)
    ♥ ♥ ♥

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  7. La vie est trop courte de faire autrement. J'aime le fait que tu en profites pleinement. C'est invigorant. Merci à toi, rayon de soleil ! ♥ Et bravo à ton homme d'avoir si bien choisi sa femme ! ♥ ♥

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  8. Oh ben de rien Joye, je crois que j'ai mis tant de temps à être bien dans mes bottes que j'ai envie d'en profiter le temps que ça durera (et j'espère que ça durera le plus longtemps possible ! Un siècle ou deux :-D
    Je suis ravie que ça te fasse plaisir et du bien, pis du coup ça me fait plaisir et du bien : c'est un vrai cercle vertueux, une spirale paradisiaque, enfin je sais pas comment le nommer mais c'est drôlement chouette !

    Pour Fred, il faut le remercier de me donner les moyens d'avoir confiance en moi, faire ce que j'aime et d'avoir vu en moi des choses que je n'aurais jamais soupçonné, c'est lui qui me montre mes talents et veut que je les exploite, lui qui accepte quelques sacrifices pour que je puisse créer... lui qui est émerveillé par ce que je fais. Quand je doute et que je le vois aimant tant mes histoires, ça me refile la pêche et j'en passe. Il faut d'autant mieux le remercier que je suis une tête de mule et que sans lui j'aurais tout laissé tomber ! Je dois dire que le plus dur semblant derrière moi, je l'aurais drôlement regretté !!!
    ♥ ♥ ♥

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