Photos : Alice Duffelcocotte et Paula Rhoïde.

mardi 6 septembre 2011

J'aime Prévert, alors je l'économise, c'est saugrenu, je sais, mais sage aussi

J'aime Prévert et ça ne date pas d'hier, ça date du premier poème que j'ai appris en cours de récitation. J'aime Prévert alors je l'économise... Idée étrange, n'est-ce pas ? En règle général (garde à vous !), quand on aime, on ingurgite, on s'overdose, on boit jusqu'à la lie, on dévore jusqu'à plus faim et, repu, on rote, on sort de table, on passe à autre chose. De temps en temps, on ressort le souvenir, on cultive la nostalgie un peu fantomatique de la joie passée à découvrir l'autre. Moi, quand j'aime, j'étire, je fais durer, je cultive et j'entretiens, j'économise, je réinvente, je métamorphose aussi parfois.
Après tout, si j'avais rencontré les textes de Prévert de son vivant, j'aurais découvert son œuvre avec lui, mais il est mort bien avant moi ce brave gaillard, me laissant l'impression parfois que des comme lui, on n'en fait plus, ou on ne les rencontre plus sur les avenues culturelles des grands médias, et hors sentiers battus par les médias, autant chercher une violette dans l'asphalte...
J'aime Prévert et je veux qu'il me reste à découvrir de lui encore et encore des images et des mots, que j'ai à découvrir son œuvre, durant des années, des décennies, je veux si c'est possible mourir en ne sachant pas tout de lui.


Me lasser ? Vous n'y pensez pas, il m'est entré dans le cœur un jour, j'avais huit ans. Depuis, il m'a offert ses vers de réconfort, je l'ai emmené sous les arbres, dans mes voyages imaginaires, mes allers et venues vrais de vrais qui collent de la boue pas virtuelle aux semelles, mis dans mes poches, mes sacs et mes valises, pris dans mes bras, serré contre mon sein, j'ai dormi avec lui sous mon oreiller, il est resté à me veiller parfois des nuits complètes d'insomnies, posé à mon chevet, me gardant comme on garde les malades et jamais je n'ai douté de lui. Toujours j'ai su que je découvrirai de ses merveilles qui mettent du baume à mon petit cœur et à mon âme.
Je l'aime et je ne veux pas savoir pourquoi je me sens bien dans ses mots, j'y nage comme une virgule, qui saute et retombe sur la page en point d'exclamation. Jamais ne s'insinuent entre ses mots et moi de ces points d'interrogations qui gâcheraient tout, de ces points finaux qui achèvent, lui et moi on est en suspension.
J'aime Prévert et je n'ai jamais cherché à savoir pourquoi d'un élan naturel, du cancre de mes 8 ans qui "dit oui avec le cœur" à aujourd'hui, je l'aime encore si fort.

14 commentaires:

  1. Oh merci ! C'est venu comme ça, la photo a été rajoutée par petit homme. Touchée de ton élan naturel ! Merci d'être venue jusqu'ici.

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  2. Je me doutais bien que les pataphysiciens ne pouvaient pas te laisser indifférente !

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  3. Certes ! Mais en envoyant paitre l'oulipo il est allé plus loin ce bonhomme, je dirais même qu'il a inventé sa propre science, rien qu'à lui : oui Prévert est un homme exceptionnel et y'a pas a discuté c'est comme ça ! ;-D

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  4. Je n'en suis pas très étonnée ;-) Pour la joie, je te fais une bise tiens !

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  5. Oui, oui, oui !!! Et à propos de merveilles :
    http://youtu.be/sHDY9jh2wXk
    Continue a bien ponctuer d'exclamations ces riches lectures !!! Et RELire c'est bien aussi !! Ti-RELIRE-RELIRE !!! ♥ ♥ ♥

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  6. Merci ma toute chère !
    Compte sur moi, si l'émerveillement était une ponctuation il serait le point d'exclamation.
    J'ai joué tout à l'heure au poème russe, ouvrant mon recueil au hasard et je suis tombée sur celui là :
    "Un petit mendiant demande la charité aux oiseaux

    Oh ne me laissez pas la main pleine
    je resterai là jusqu’à la nuit s’il le faut

    Et il y a dans son regard une lueur de détresse cette lueur un oiseau la surprend

    Tout à l’heure par pure délicatesse et sans avoir grand faim il s’en ira à petits pas prudents manger dans la main de l’enfant le pain offert si simplement

    Et la joie allumera tous ses feux dans les yeux du petit mendiant".
    Tu m'étonnes que je l'aime ! ;-)

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  7. Il est touchant ce petit poème !!!
    Tu penses si je l'aime itou !!!
    Je vais le recopier et le mettre dans mes poèmes à dire ...
    Merci tout plein !!! Super le jeu du "poème russe" !!! Que d'inventivités ma chère !!! Je te reconnais bien là !!

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  8. Je le savais qu'il te plairait ;-) Oh ben de rien, il faut remercier monsieur Jacques d'être si aimable qu'il me donne souvent envie de jouer avec lui. Et merci ! Voilà des années que je joue à ce jeu (c'est un peu autre chose que la roulette russe, tu avoueras : on ne prend aucun risque et on gagne à tous les coups ! Ce qui me surprend à chaque fois, c'est de constater à quel point le hasard fait bien les choses !
    Et comme tu vas bien le dire ! (Je l'ai lu à voix haute à petit homme tout à l'heure). Je suis tombée ensuite sur un autre qui parle d'un âne, il faudra que je te l'envoie (tu sais comme la mule que je suis aime les ânes ;-D, tu verras comme ce brave et bon poète les délivre à merveille des clichés dont les hommes les affublent !).

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  9. Ah oui, ah oui, j'attends le petit âne !!!!
    Hi HAN !!!! ♥ ♥ ♥

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  10. Il t'attend déjà dans ta boite mails, mais CHUUUUUT, il dort ;-****************************

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  11. J'aime Prevert aussi :) Alors ce BTS, c'est partie remise ou bien? :)

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  12. Non, c'est râpé, râpé mais j'ai de la ressource !

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