Photos : Alice Duffelcocotte et Paula Rhoïde.

mardi 29 novembre 2011

PS à mon précédent billet, en réponse à Joye et oui, bon d'accord, j'avais dit plus de philo

m'enfin si un philosophe écrit un conte, peut-on encore dire que c'est de la philosophie ? Bon de toute façon, j'ai rencontré tant de gars qui pensent que le propre de la femme est d'être incohérente (et enquiquinante), et étant une femme et ayant donc gagné le droit de l'être (incohérente et enquiquinante), je m'engouffre avec un certain plaisir dans cette généralité. Histoire de lui faire éclater la panse ou de lui transmuter la vessie en lanterne. Les généralités, peut-être l'avez vous remarqué, sont plutôt du genre vessies que lanternes (elle n'éclairent presque jamais)... Je vous livre donc un texte intitulé les porcs-épics et qui parlent de hérissons alors, je ne saurais vous dire si c'est Schopenhauer en personne qui n'a pas de suite dans les idées ou le traducteur... 

Un été, une famille de hérissons, vint s’installer dans la forêt, il faisait beau, chaud, et toute la journée les hérissons s’amusaient sous les arbres. Ils batifolaient dans les champs, aux abords de la forêt, jouaient à cache-cache entre les fleurs, attrapaient des mouches pour se nourrir, et la nuit, ils s’endormaient sur la mousse, tout près des terriers.

Un jour, ils virent tomber une feuille d’un arbre : c’était l’automne. Ils jouèrent à courir derrière les feuilles, qui tombaient de plus en plus nombreuses,et comme les nuits étaient un peu fraîches, ils dormaient sous les feuilles mortes.

Or il se mit à faire de plus en plus froid, dans la rivière, parfois, on trouvait des glaçons.
La neige avait recouvert les feuilles, les hérissons grelottaient toute la journée et la nuit, tant ils avaient froid, ils ne pouvaient fermer l’œil.

Aussi, un soir, ils décidèrent de se serrer les uns contre les autres pour se réchauffer, mais s’enfuirent aussitôt aux quatre coins de la forêt, avec leurs piquants, ils s’étaient blessés le nez et les pattes.
Timidement, ils se rapprochèrent, mais encore une fois, ils se piquèrent le museau, et chaque fois qu’ils couraient les uns vers les autres, c’était la même chose.

Pourtant, il fallait trouver absolument comment se rapprocher : les oiseaux les uns contre les autres se tenaient chaud, les lapins, les taupes, tous les animaux aussi.

Alors, tout doucement, petit à petit, soir après soir, pour avoir chaud, mais pour ne pas se blesser, ils s’approchèrent les uns des autres, ils abaissèrent leurs piquants, et avec mille précautions, ils trouvèrent enfin la bonne distance.

Et le vent qui soufflait, ne leur faisait plus mal, ils pouvaient dormir, bien au chaud, tous ensemble…

Schopenhauer sous entend donc qu'on est un troupeau de hérissons. Vous prenez ça comme vous voulez, hein ? Moi tout ce que je retiens de cette affaire là, c'est qu'il faut faire gaffe aux camions ! Conseil qui m'est utile à chaque fois que je traverse une rue. Quoi ? A l'heure ou j'écris ça, Schopenhauer se retourne dans sa tombe, mais que ce monsieur voit le bon côté des choses ! Ça ne doit quand même pas être tous les jours qu'une jeune femme (mais si, mais si, je suis encore jeune, on va pas chipoter) vient jusque dans sa dernière demeure pour jouer aux osselets avec lui ! ;-D
 

14 commentaires:

  1. De Schopenhauer, je retiens mieux les faits de sa vie :

    1) Que sa propre mère l'aurait poussé ou aurait fait qu'il tombe dans un escalier

    2) Qu'il promenait un petit chien laid que les méchantes langues appelaient "Schopenhauer fils"

    3) Que chaque soir, il dînait au resto, et il mettait une pièce en or sur la table disant qu'il voulait bien la laisser comme pourboire si l'on disait quelque chose d'intéressant lors de son repas. L'histoire veut que Schopi soit parti chaque soir avec la même pièce dans sa poche

    Le reste, c'est de la littérature. :-)

    Merci beaucoup pour le récit, c'est extra.

    Et grâce à ma réponse, tu comprendras pourquoi je n'ai jamais fait de philo comme étude (et puis d'ailleurs, on ne la propose pas ici aux Zuesses...hmm, on peut se demander bien pourquoi)

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  2. J'ignorais (je fouille presque jamais dans la vie des auteurs ce que j'apprends d'eux c'est le hasard qui me le livre), narguer les gens avec son or pour qu'on lui dise un truc intéressant. Pouah ! Qu'est-ce qu'il en sait vraiment de ce qui est intéressant ou non, d'abord ? Il y avait donc que lui et sa science infuse et les autres qu'il pouvait dénigrer de la sorte. Je me répète mais pouah ! Mince de mince si j'avais su, je ne serais pas allée jouer aux osselets avec cet ostrogot, dis donc !
    Enfin ce qui me console c'est qu'il a bouffé seul sans quelqu'un pour l'intéresser parce que faut pas que juger, il faut aussi savoir bien regarder et écouter. Et que ça mère n'ait pas eu de coeur n'est point une excuse, on peut avoir été élevé par une mégère, être moche à faire sarcasmer les autres et devenir un type formidable, non mais.

    De rien pour le récit et petit ♥ itou.

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  3. Les hérissons sont des animaux très bruyants. S'il est utile d'en avoir dans son jardin, rapport aux petites bêtes qui composent leur menu, il faut éviter de dormir la fenêtre ouvert tant ils font de ramdam.

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  4. On a jamais eu de hérisson, chez nous, des grenouilles, crapauds, salamandres, tritons, musaraigne, chouette, chauve souris, geai, martin pêcheur, héron, belette, fouine, furet et j'en passe mais un hérisson jamais. La fouine ça fait un boucan du diable et la chouette effraie, porte super bien son nom, bigre la première nuit qu'on a passé sous ce toit ci, on était à deux doigts de croire aux revenants !

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  5. Schopenhauer, un porc épique ?
    Intéressant !

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  6. ;o) Sacré Walrus ! Du coup, je me dis que si ça se trouve, c'est un descendant d’Épicure ou de ses pourceaux :-D

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  7. Tu as raison, Sandrine, il ne faut jamais trop savoir sur la vie intime de nos idôles.

    Comme quoi, j'ai horreur de Rousseau avec ses enfants illégitimes qu'il mettait à l'orphélinat (cela veut dire que, au mieux, ces gamins devaient aller travailler dès l'âge convenable).
    À chaque fois qu'on fait allusion à son Émile, je pousse un rire narquois sinon sarcastique.

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  8. Vive Prévert Joye ! Sa plus belle oeuvre à cet homme là, c'est Jacqueline Duhême... Elle était aide chez Matisse (elle mettait les papiers gouachés en peinture pour que le peintre les découpe). Un jour, Matisse l'a envoyée apporter une enveloppe à Prévert. Elle sonne à la porte, Prévert lui demande : "vous savez qui je suis ? Elle répond : "non" Prévert dit un truc genre : "Quoi ? on parle de moi dans tous les journaux et tu ne me connais pas ? Chérie rajoute un couvert la demoiselle reste manger". Il lui a dit au cours du repas, "tu ne vas quand même pas faire ce métier toute ta vie, qu'est-ce que tu aurais aimé vraiment faire ?". Elle a avoué que petite, elle dessinait des petits angelots et autres sur ses cahiers et qu'elle aurait rêvé d'illustrer des livres pour enfant. Prévert lui a dit : "je vais t'en écrire un" et lui a fait, un contrat d'édition d'un drôle. Il lui a aussi demandé si elle voulait qu'il y ait quelque chose de particulier dans l'histoire. Elle a répondu des moutons et il lui a dit "d'accord, il y aura des moutons"... C'est comme ça que Jacqueline Duhême est devenue Jacqueline Duhême et j'adore Prévert, encore plus depuis que je le sais !

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  9. La belle histoire ! Cela me fait penser au film "Seraphine". Et aussi à Camille Claudel (hélas).

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  10. Yep m'enfin Mame Duhême a une plus belle destinée tout de même, j'ai raté sa dernière séance de dédicaces, je ne suis vraiment pas friande de ce genre de chose mais elle vaut le déplacement avec sa boite d'aquarelles, le soin qu'elle apporte et tout et tout.

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  11. Ah oui alors gaffe aux camions ! C'est ravageurs ces grosses bêtes là !!!
    Ah le coup de la pièce d'or!!! C'est Schopen-horreur !!!
    Oh, comme je suis contente de connaître l'histoire de Prévert et Jacqueline Duhême ! C'est SUPER EXTRA !!!
    Bisous !

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  12. Hérissonnicides camions, je me demande si ce n'est pas Jacques Roubaud qui a écrit un poème là-dessus... Faudra que cherche, tiens. Schopen-horreur, excellent !! Je l'adopte, si tu veux bien.
    Oh, je suis ravie que tu sois contente et je suis très étonnée de ne te l'avoir encore jamais racontée. Oui, il est SUPER EXTRA ce Prévert, on en fait plus des comme lui, parait que la poésie est même morte, parce qu'elle ne serait pas un segment de consommation rentable. Et on voit où part le monde quand on imprime plus de poésie, hein ?
    Bisous itou !

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  13. Oui, oui tu peux adopter Schopen-horreur ! No problémo !!!
    Ah oui la Poésie ça fait pas de sous mais quand on regarde un peu partout sur le NET combien de personnes y ont recours pour exprimer le profond de leur ♥ ! C'est un vrai besoin !!!!

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  14. Enfin l'adopter façon de parler, hein ? Parce que à cette heure il a été viré de mes étagères ;-)Oui, un besoin et comme d'hab ceux qui font dans la finance, ignore tout ce qui est en apparence futile, et que l'on ne peut réduire en produit commerciaux... On refera pas le monde en un jour ;-)

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