J'ai décidé hier de déterrer de ma mémoire le premier personnage que j'ai créé, il y a six ans donc. J'avais commencé à la partager sur ma première feuille de chou, ce qui m'a valu des critiques, passe encore, mais aussi et surtout de la psycho psychanalyse de comptoir (pas brève). Les gens s'imaginaient parfois que j'étais elle, or à cette époque, je m'étais décrite sous la forme d'un petit cochon, je savais bien qui était cette femme, si j'en parlais alors par métaphore c'est que je voulais qu'elle ait cette air de fée qu'aucune réalité ne donnera jamais à personne.
La femme que je décrivais ce n'était pas moi, elle me ressemblait un peu, il y avait une filiation mais je rendais hommage à la petite dame qui m'a appris que les mots pouvaient être autre chose que des couteaux, ils pouvaient être rigolos. Elle m'a appris qu'il y avait de la poésie dans les choses ordinaires, que l'amitié pouvait durer une soixantaine d'années, qu'on pouvait ne pas avoir grand chose mais être généreux quand même, qu'on pouvait raconter tout un tas de carabistouilles et se marrer à gorge déployée en montrant ses plombages, qu'on pouvait ne pas avoir beaucoup mais être digne cependant, de cette fierté qui n'appartient qu'aux pauvres.
Je me souviens d'elle surtout courbée dans son jardin, l'endroit où elle inventait la chasse aux cornichons et glissait de petits sous-entendus grivois en souriant, moi je souriais sans comprendre qu'elle était coquine, la bougresse ! Elle m'a aussi appris à toucher du bois, je le fais encore même si je n'y crois pas, ce n'est pas de la superstition, c'est un réveil mémoire, c'est un souvenir réveille sourire.
Elle n'a pas eu une très belle vie cette femme, la guigne l'a accompagnée toute sa vie, mais il faut dire qu'elle était si aimable que la guigne ne voulait pas la quitter, c'est comme ça que j'aime à me la raconter, si gentille qu'elle prenait sous son aisselle cette guigne dont personne ne voulait.
Elle a une tombe à l'image de sa guigne, pas de sa vie et c'est dommage, il lui en aurait fallu une en mosaïque colorée, avec un truc qui fait sourire les passants et des fleurs des champs.
J'ai ressorti son personnage, il m'a fallu un brin de courage mais aujourd'hui, je le réalise, on pourra bien me faire de la psychanalyse à deux balles, je dirai sans doute un truc genre : ben heureusement que j'ai faim, ventre affamé n'ayant pas d'oreilles, je n'ai rien entendu de ce que vous m'avez dit. Ou je me tairais, après tout, peut-être qu'il faut laisser croire aux critiques analytiques qu'ils ont tout compris, ça les rassure sans doute. M'enfin je penserai toujours que c'est pas parce que j'écris des histoires que je dois être soumise à la vivisection, qu'ils analysent les textes et qu'ils rangent leur scalpels quand ils parlent à l'auteur.
Si je suis écrivaillante, ce n'est pas tant que ma vie soit un roman, mais parce que j'ai croisé dans la vie quelques personnages. De ces gens qu'on appelle de sacrées personnes alors qu'elles ne sont si sacrées, ni profanes, juste humaines, ce qui leur file sans doute un petit côté extra-terrestre. Il y en a un autre, un vagabond, celui-là aussi ma foi mériterait bien une histoire, je vais voir...
C'est vrai que le public confond souvent les personnages et l'auteur. Un personnage peut être une fiction totale (calqué sur la réalité, certes), et d'un coup, on pense que c'est toi, que toutes les choses qui sont arrivées à ton personnage te sont arrivées. Cela me fait rire !
RépondreSupprimerJ'aime bien ton premier personnage. Je ne saurais pas qui était mon premier, peut-être une espionne qui s'appelait Julie Jones. j'écrivais des nouvelles de cette protagoniste quand j'avais neuf ans. Un gars dans ma classe a inventé "Peter Trabowski" et les deux ont sauvé le monde de bien des terreurs. Tiens, je me demande ce qu'elle est devenue, mon espionne ? Peut-être prof de fac ? ;o)
Oh à neuf ans, je me catapultais directo dans les contes de fées, je dois dire que j'avais un p'tit béguin pour Riquet à la Houpe. Le manteau du mendiant d'Hugo m'inspirait aussi beaucoup, mais j'inventais des lieux plus que des personnages. J'avais même une cabane sous terre avec des rideaux aux fenêtres ;-D
RépondreSupprimerIl me plait bien ce billet... Il me donne une raison supplémentaire de bien aimer celle que tu es ;-))
RépondreSupprimerOh bonjour Teb ! Je suis contente de te voir passer par ici et je suis très touchée par tes mots, trèèèèèès du coup, je sais pas quoi dire, mais j'ai les mains moites, des loupiotes dans les yeux et des papillons dans l'estomac, je suis émotionnée quoi;-*
RépondreSupprimer♥ ♥ ♥
Quel beau personnage que cette aimable petite dame qui t'as appris des choses si simples et si vraies !
RépondreSupprimerJ'aime bien "le souvenir réveille sourire" !!!
Quelle belle trace de mémoire elle a laissé en toi ! La guigne n'a donc pas gagné !!!
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Oui très belle dame et très jolies leçons... Moi aussi j'aime bien ces souvenirs là... Faut dire que sourire c'est que je préfère, j'aime bien rire aussi mais je préfère sourire. Et j'aime bien ta façon de voir les choses. Si ma mémoire peut vaincre la guigne je vais voir à amplifier son souvenir !!! Je vais avoir le souvenir panoramique !
RépondreSupprimer;-*
♥ ♥ ♥
Oh! Une dame aux sourires ! Tu sais que j'aime ça, les fossettes dans les coins ! Très joli billet, très tendre et émouvant !
RépondreSupprimerMerci Cécile. Oui, hier j'avais surtout la corde sensible !
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